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Lorena Angelats

 

Las tres estaciones
[Les trois saisons]

 

Las tres estaciones

Al principio éramos el jardín en primavera, florecían colores por los poros de nuestra piel, verdes ojos, verde voz, miradas de piular del gorrión, pestañas de ala de mariposa, bienvenidas batiéndonos a abrazos con alas de golondrinas, comiéndonos los besos, el uno a la otra, haciendo del desierto de la cara, un oasis en la boca. Éramos el jardín en primavera, y las primeras gotas cayeron cálidas del cielo del placer, a mi boca.
 

Luego éramos el jardín teñido de caoba en otoño, las caricias más rugosas, la luz fugitiva más tempranera pero aun dorada, los besos insinuando frío pero aun cálidos, los ojos perdiendo las hojas que son miradas, pero aun hambrientos. Éramos el jardín caoba y las segundas gotas cayeron del débil rocío, bastante frío pero aun bello.
 

Finalmente éramos el jardín hecho páramo en invierno, las manos desoladas de caricias, esqueléticas como el árbol sin hojas que en el horizonte parece arañar al cielo, ese cielo era nuestro lazo. Éramos la huella del huracán de la rutina, éramos el desamor, frío en las esquinas, frío en los huesos, frío en los ojos, en los labios de hielo, frío en los dedos, fría el alma. Palabras encapotadas de nubes como el cielo reflejado en los charcos, caricias con perfil de obligación, eco del eco del deseo, que ya no es deseo, es obviar al corazón y seguir con el cuerpo. Las últimas gotas cayeron de mis ojos a tu cielo.
 

He pintado de negro los cristales de la ventana del recuerdo. Ventana que daba al jardín. No quiero volver a verlo. Me acuerda a ti. Y a mí.

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[Les trois saisons]

Au début nous étions le jardin au printemps, ils fleurissaient des couleurs par les pores de notre poil, des verts yeux, de la verte voix, des regards des chants du moineau , des cils d’aile de papillon, bienvenues en nous battant avec des embrassements avec des ailes d’hirondelles, en nous mangeant les baisers, l’un à l’autre, en faisant du desert du visage, une oasis dans la bouche. Nous étions le jardin au printemps, et les premières gouttes sont tombées chaudes du ciel du plaisir, sur ma bouche.

 

Après nous étions le jardin teint en acajou à l’automne, les caresses plus rugueuses, la lumière fugitive plus matinale mais dorée encore, les baisers insinuant du froid mais calides encore, les yeux perdant les feuilles qui sont des regards, mais affamés encore.  Nous étions le jardin acajou et les deuxièmes gouttes sont tombées de la faible rosée, assez froide mais belle encore.

 

Finalement nous étions le jardin, lande en hiver, les mains désolées de caresses, squelettiques comme l’arbre sans feuilles qui sur l’horizon semble griffer le ciel, ce ciel était notre blague.  Nous étions la trace de l’ouragan de la routine, nous étions le désamour, du froid aux coins, du froid aux os, du froid aux yeux, aux lèvres de glace, du froid aux doigts, froide l’âme. Des mots couchées de nuages comme le ciel miroité aux bassins, des caresses avec profil d’obligation, de l’écho de l’écho du désir, qui n’est plus de désir, c’est obvier au coeur et suivre avec le corps.  Les dernières gouttes sont tombées de mes yeux à ton ciel.

 

J’ai peint en noir les vitres de la fenêtre du souvenir. De la fenètre qui donnait au jardin. Je ne veux pas la revoir. Celle-là me souvient à toi. Et à moi.

 

[Traducció de  Pere Císcar]

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